Je m'embarque joyeux,
Je m'embarque joyeux, et ma voile pompeuse
M'ôte déjà la terre et me donne les mers,
Je ne vois que le ciel uni aux sillons pers :
C'est le premier état de mon âme amoureuse.
Puis je vois s'élever une vapeur confuse,
Ombrageant tout le ciel qui se fend en éclairs,
Le tonnerre grondant s'anime par les airs
C'est le second état dont elle est langoureuse.
Le troisième est le flot hideusement frisé,
Le mât rompu des vents et le timon brisé,
Le navire enfondrant, la perte de courage.
Le quatrième est la mort entre les flots salés,
Abattus, rebattus, vomis et avalés ;
Bref mon amour n'est rien qu'un horrible naufrage.
Abraham de VERMEIL (1555-1620)
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En terrain giboyeux, auprès de Beltegeuse
Qui me suit comme un chien en compagnie d'Elmer,
Genevois casanier sorti de son repaire :
Escapade imprévue, mais pas trop douloureuse!
Belphégor à mes pieds, surpris par une buse,
Aboie comme un forçat s'en allant aux galères.
Je le calme illico, quand monte dans les airs
Une poule faisane aux formes généreuses.
Elmer est tout là-haut un peu dépaysé,
Il ajuste son tir: ça y'est, il a brisé
Une aile et en tombant, la poule et son plumage
Au royaume des morts… l'oiseau s'en est allé.
Abattu! Pas par moi, c'est dur à avaler!
Faux Nemrod, propre-à-rien, quel horrible naufrage!
Abraracourcis de SALSEPAREIL
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