Heureux qui, comme Ulysse, afait un beau voyage.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
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Heureux qui, comme Ursule, a
fait du bon potage
Heureux qui, comme Ursule, a fait du bon potage,
Ou comme cestuy-là fana du potiron,
Et puis est revenu, à tort ou à raison,
Grignoter au hameau les restes de fromage !
Quand boirai-je la tasse, assis sous le treillage
Aux odeurs safranées, avec quelle Suzon
Referai-je à vélo au soleil des moissons,
Le jeu de "Je te pince", où nous étions peu sages ?
Plus me plaît cette cour où j'ai mis tous mes œufs,
Que tous ces beaux chemins foulés sous d'autres cieux,
Plus que les lieux obscurs le lit de Joséphine :
Plus le foie de mes oies, que pâtes au gratin,
Plus mon petit poiré, que tous les mauvais vins,
Plus que l'air du Parrain les deux seins de Perrine.
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