Vendange
Les vendangeurs
lassés ayant rompu leurs lignes,
Des voix claires
sonnaient à l'air vibrant du soir
Et les femmes, en
choeur, marchant vers le pressoir,
Mêlaient à leurs
chansons des appels et des signes.
C'est par un ciel
pareil, tout blanc du vol des cygnes,
Que, dans Naxos
fumant comme un rouge encensoir,
La Bacchanale vit la
Crétoise s'asseoir
Auprès du beau
Dompteur ivre du sang des vignes.
Aujourd'hui,
brandissant le thyrse radieux,
Dionysos vainqueur
des bêtes et des Dieux
D'un joug enguirlandé
n'étreint plus les panthères ;
Mais, fille du
soleil, l'Automne enlace encor
Du pampre ensanglanté
des antiques mystères
La noire chevelure et
la crinière d'or
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Vidange
Les vidangeurs lassés de
leur travail insigne,
Arrêtent de pomper et réclament
à boire
Contiennent leur humeur et ne
font pas d'histoire,
Quand leurs verres sont
pleins du bon vin de la vigne.
Ils mettent en sommeil, et
passent la consigne,
Leur labeur épuisant. Alors ils vont s'asseoir,
Et d'un commun accord décident
de surseoir
Aux contrats du passé qui paraissent
indignes.
Que l'on pompe on veut bien,
cloaque chassieux,
Mais pourquoi, sans raison,
par ce chef odieux
Se faire enguirlander comme
des réfractaires ?
Tiennent alors conseil, et
Polo leur mentor :
"Si cet énergumène
- il n'en
fait pas mystère
-
Le baptise d'enflure, il
le jette dehors".
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