Hier au soir
Hier, le
vent du soir, dont le souffle caresse,
Nous apportait l'odeur des fleurs qui s'ouvrent tard ;
La nuit tombait ; l'oiseau dormait dans l'ombre épaisse.
Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ;
Les astres rayonnaient, moins que votre regard.
Moi, je parlais tout bas. C'est l'heure solennelle
Où l'âme aime à chanter son hymne le plus doux.
Voyant la nuit si pure et vous voyant si belle,
J'ai dit aux astres d'or : Versez le ciel sur elle !
Et j'ai dit à vos yeux : Versez l'amour sur nous !
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Hier, un vinde Loire au goût de vin de messe,
Nous apportait l'odeur subtile du nectar ;
La nuit tombait ; Julien dormait entre les caisses.
Et sans doute il rêvait, mais moins que sous la presse,
Où comme un petit lait, il buvait le pinard.
Moi, je restais là-bas. Assis sous la tonnelle
Je me mis à chanter un air de guilledou.
La nuit était si claire, et la table en autel
Proposait à mes yeux le vin prêt du missel,
Alors je fis un vœux , et d'un trait je bus tout !
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