La chanson du troubadour
Sans amis,
sans parents, sans emploi, sans fortune,
Je n'ai que la prison pour y passer la nuit.
Je n'ai rien à manger que du gâteau mal cuit,
Et rien pour me vêtir que déjeuners de lune.
Personne je ne suis, personne ne me suit,
Que la grosse tsé-tsé, ma foi ! fort importune ;
Et si je veux chanter sur les bords de la Tune
Un ami vient me dire : Il ne faut pas de bruit !
Nous regardons vos mains qui sont pures et nettes,
Car on sait, troun de l'air ! que vous êtes honnêtes,
De peur que quelque don ne me vienne guérir.
Mais je ne suis icy pour y faire d'envie,
Mais bien pour y mourir, disons pour y pourrir ;
Et la mort que j'attends n'ôte rien que la vie.
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La chanson du gros balourd
Sans permis,
sans amant, et pas même une thune,
J'arrive à Barbizon, il est déjà minuit.
Pour ne pas déranger m'installe près d'un puits,
Et comme un vieux satyre admet mon infortune.
Hier sous un balcon d'où enfui je me suis,
Une grosse mousmé, je crois qu'elle était brune,
N'a pas aimé mon chant, m'a envoyé aux prunes !
Ignorant, il est vrai, que j'adore ces fruits !
Mais je sais que demain toutes les midinettes,
Apprécieront mes airs, que Ninon ou Annette
Sous l'œil de Cupidon, au charme de ma lyre,
Seront à ma merci. Et pâliront d'envie
Margoton, Adeline et les beaux yeux d'Elvire.
Je les vois à mes pieds. Ô rêve inassouvi !
Celte
ANCIEN (Cousin
de Pol)
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