Ecoutez la chanson bien douce
Ecoutez la chanson bien
douce
Qui ne pleure que pour vous plaire,
Elle est discrète, elle est légère :
Un frisson d'eau sur de la mousse !
La voix vous fut connue (et chère ?)
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,
Et dans les longs plis de son voile,
Qui palpite aux brises d'automne.
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.
Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.
Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.
Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !
Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire !...
Ecoutez la chanson bien sage.
Paul
VERLAINE
|
Voyez ce chapelet de bouses
Voyez ce chapelet de
bouses
Qui ne peuvent que vous déplaire,
Un peu collantes, singulières :
Comptez-les bien elles sont douze !
L'odeur vous est connue (de l'air !)
Et sous ton pied elle est collée,
Ton bas de chausse auréolé
Avec en plus un peu de terre,
Et dans les longs plis de la toile
-Tu sais, cousue par tante Yvonne-
Marquée de longues stries cochonnes
Une tache verte en étoile.
Ces saletés c'est bien connu
Empoisonnent, gâtent la
vie.
A tel point que germe une envie,
Se dévêtir, d'aller tout nu.
Posture qui serait sans gloire.
Le plus simple? C'est mieux d'attendre,
Que cela sèche et puis de prendre
Un bon bain chaud dans sa baignoire.
Et si, bien sûr, l'odeur persiste
T'énerve pas, j'ai un sésame :
Pour oublier ce truc infâme
Frotte un peu plus, insiste insiste !
Tu sauras qu'au prochain passage,
Dans ce quartier du Loir-et-Cher,
Il te faudra la vue plus claire !...
Pour sillonner tous les villages.
Polernaz
|