Voilà,
c'est décidé demain vous n'aurez rien.
Tout
juste ce matin j'en parlais à mon chien
(Il
sait, il me connaît, je suis homme de bien)
Mais
pourquoi faudrait-il, combien de fois, combien
Leur
donner à dessein comme un pain quotidien
Ce
qu'ils n'attendent pas? Le choix est cornélien !
Je
pourrais, il est vrai, comme un bon comédien
Continuer
encore à leur parler de Gien
De
la chasse aux canards ou des rois capétiens,
De
mes souliers vernis, de mon bonnet phrygien,
D'ambassade
inventée auprès de Tertullien
Ou
de je ne sais quel document basochien.
Je
pourrais leur conter mes exploits aériens
Supposés,
ma balade en pays chérifien
Du
côté d'Ouarzazate et comment j'en reviens…
En
esprit; dire que l'autre jour un indien
Petit,
maigre et bossu s'appelant Cyprien
M'a
vendu pour deux sous et trois ronds un saurien
N'ayant
plus que huit dents mais parlant l'italien !
Je
pourrais affirmer que passant par Amiens
J'y
ai vu, je le jure, un bateau vénitien
Qui
traversait la Somme chargé de galériens.
Et,
tenez, hier au soir, avec des miliciens
J'ai
fait le coup de feu rue Colonel Fabien
A
Paris : et nous avons occis… un martien !
Attendez,
l'autre jour avec Yves et Damien
-
Ne le répétez pas il est végétarien –
Nous
étions tous les trois avec un paroissien
Drôle,
facétieux, un judéo-chrétien,
Qui
plus est, spécialiste des puits artésien.
Il
parle de Zénon et autre stoïciens
Diogène
et sa tonne (de Plutarque il s'abstient)
Et
sans autre procès, les met – ce n'est pas bien –
Dans
son puits ! Procédé ambigu, kafkaïen !
Nous
avons coupé court et rompu l'entretien.
Je
pourrais conférer sur les ports égyptiens
Défendre
et célébrer l'emploi du grec ancien
Susurrer
des tirades aux accents proustiens
Pourquoi
pas shakespearien, parfois baudelairien ?
Et
réciter des vers devant un parisien…
Il
ne comprendrait pas… ils sont trop danubiens !
Et,
allez ! Je l'avoue je fais le magicien.
Pour
avoir transformé un zélé stalinien
Un
bouffeur de curé, un étouffe-chrétien
En
dévot convaincu et docte augustinien !
Exploit
qui vit blêmir le bon prolétarien.
Mais
qui rendit sceptique un vieux nécromancien
Me
traitant d'imposteur, de fieffé propre-à-rien.
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Mais
baste aux envieux, ces pauvres béotiens
Impuissants,
empêtrés dans leurs soucis freudiens.
Inaptes
à sortir du mauvais noeud gordien
Que
leur tend, ironique le vieil autrichien.
Parlons
plutôt de ces quatorze batraciens
Mis
en scène et formés en pays saoudien
Par
moi-même; entraînés avec l'ami Lucien
Pour
charmer un prétoire de théologiens
Captivés
par les prouesses des amphibiens.
Ne
virent que du bleu : ils étaient daltoniens !
Nous
n'avions il est vrai aucun autre moyen
Pour
nous faire accepter en royaume païen.
Et
avec quel brio, aidé d'un grammairien
Appris
aux touaregs "hommes bleus" sahariens
Les
règles sémantiques et l'esprit voltairien.
Vous
dirais-je comment avec cent musiciens
Mordus de
Sarasate et des airs bohémiens
Nous
eûmes l'avantage par des chants tyroliens
D'égayer
un cénacle de politiciens
De
tous bords ! Mise en scène par un chirurgien
Présidant
l'amicale des coronariens.
Je
pourrais, je pourrais… dire à vous les terriens
Que
je suis amateur de sangsues, d'acariens,
Que
je suis passionné par le feu bactérien,
Ou
que je suis issu d'un empire chtonien…
Vous
ne me croiriez pas… c'est fou ! Mais je soutiens,
D'une
voix de stentor et aux accents gaulliens
Que
je suis investi de pouvoirs régaliens.
En
un mot comme en trois : JE
SUIS CAROLINGIEN !
Galéjades
cela, farces de collégiens !
Pour
le moins des bobards pas du tout cartésiens
Déconcertant
le sens d'un académicien
Qui
d'une chiquenaude en brave citoyen
Me
renverra, penaud, sur le Mont Valérien
Déclamer
des sentences, poèmes saturniens.
Carpe
diem
et j'ose en bon épicurien,
Quand
certain considère que je ne vaut rien
Et
proclame à tout va que je suis un vaurien,
Ou
un cuistre arrogant, un pékin bon à rien,
Affirmer
sans ambages à tous les parnassiens
Dont
je suis l'authentique et très fervent soutien
Que
"Fait ce que voudra" : Maître Jean est
des miens.
Charles
Pépin dit l'Olivien…
(et
ne te retourne pas, ne regarde pas d'où tu viens)
prétorien
de père en fils
et
au culte pharaonien !
Mais
contredit par Quintilien :
"occulte
?... il n'en est rien ! "
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