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Bellaque matribus detestata La guerre détestée des mères On parle des mauvaises belles-mères, il y eut une vilaine tata.
Dans son village perdu au milieu de la forêt vierge à deux journées de la ville la plus proche Lisimba, jeune adolescent de quinze ans, coule des jours paisibles. La chasse est son passe-temps favori, à pied ou en pirogue, toujours joyeux, il parcours sentes , rivières et marigots et ramène à sa tribu, toujours émerveillée, fruits, poissons et autres antilopes. Lisimba est un garçon habile et contrairement à la plupart de ses petits camarades il n'est jamais bredouille; aussi est-il devenu la coqueluche de toute la tribu qui l'admire. Tous aiment et adorent Lisimba. Tous? Non ! Les parents de Lisimba, nul ne sait comment, disparurent à la saison des pluies par une nuit sans lune; même le sorcier, grand grillot ès divinations, ne put donner d'explications. Seul et âgé seulement de trois ans, Lisimba fut confié à sa tante, femme acariâtre et jalouse, qui l'éleva à sa façon sans vraiment donner à cet enfant ce que l'on peut attendre d'une mère attentive et affectueuse. Cependant Lisimba grandit et malgré cet environnement familial déplorable acquis toutes les qualités que l'on peut attendre d'un jeune homme qui de plus était beau. Un jour, Lisimba rencontra le regard rêveur et espiègle d'une jeune pubère portant le prénom prédestiné de Belle. Il en tomba fou amoureux. C'était un bonheur pour toute la tribu de voir s'aimer ce jeune couple? Tous étaient aux anges. Tous? Non ! La jeune fille n'appartenait pas à la même tribu et la tante de Lisimba ne l'entendait pas de cette oreille. Elle défendit à Lisimba de la voir, et, de plus en plus jalouse de cette idylle, finit par le séquestrer au grand dam de tout le village qui ne comprenait pas un tel acharnement. La tribu soutenait ostensiblement Lisimba et ostensiblement montrait à la tante sa réprobation face à un tel comportement. Ils étaient tous contre elle. Tous? Oui ! Et une nuit, avec la complicité de toute la tribu, le village délivra l'infortuné et l'accompagna discrètement - la tata dormait d'un profond sommeil, sous l'effet semble-t-il de quelques herbes judicieusement et subrepticement choisies et ajoutées à son breuvage du soir - jusqu'à la case de la jeune fille dans la tribu voisine. En voyant sa dulcinée, Lisimba, si bon, comprenant mal l'attitude de sa tante, se jeta dans ses bras et s'écria :
" Belle, ah ! que ma tribu déteste tata ! "
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