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Honoris causa Pour marquer son respect à...
A l'origine du panthéon égyptien nombreux furent les dieux qui débarquèrent sans qualification aucune. Leur qualité ou raison d'être n'étaient pas encore définies. En attente d'affectation soit par les humains soit par leurs pairs ceux-ci erraient au milieu de labyrinthes célestes. Le temps faisant son œuvre au rythme de l'évolution des mondes, petit à petit le club de plus en plus restreint des laissés pour compte diminuait. Râ le plus connu s'était approprié le soleil, Bès plus discret se targuait d'éloigner les mauvais esprits, alors que Ach fils du désert se liait à Seth pour semer la confusion parmi les hommes. On confia la terre à Geb, Igaï régna sur les oasis, Maa fut reconnu comme omniscient et Toum s'immergea dans une barrique de vin : ce fut le fondement de son action ! Bientôt il ne resta plus que Is et Ha. La situation se compliquait, a toutes choses, actions, situations ou état d'âme un dieu, une déesse étaient donnés. Qu'allait-on pouvoir confier comme attributs à Is et Ha ? Les grands esprits réfléchirent longuement, leurs secrétaires particuliers doublés de fins limiers explorèrent tous les secteurs des activités célestes et terrestres, aucune piste ne fut négligée et on désespérait de trouver quelque lieu commun libre ou particularité existentielle non divinisée quand Jupiter Sérapis le maître du moment parmi les dieux se souvint que si l'Orient avait son démiurge ce n'était point le cas de l'Occident : lacune comblée de suite, Ha en fut le mentor. Du coup Is se retrouva seul, sans privilège et sans emploi. Perdu au milieu se son labyrinthe il tenta bien, par dépit une descente aux enfers mais cela lui fut refusé les lieux étant d'ailleurs déjà occupés. Il voulu se suicider, mais cet acte indélicat et inédit n'eut aucune suite. C'est alors qu'Is sombra insensiblement dans une dépression et définitivement dans une prostration doublé d'un mutisme absolu. Hâpy le dieu du Nil tenta bien de le dérider, Hou spécialiste de la parole voulu lui faire peur pour qu'au moins un cri franchise ses lèvres, Isis - par nature encline à materner celui qu'elle appelait son apocope - essaya même en bravant ses principes de lui tirer des soupirs de désir par un strip-tease audacieux mais sans succès. Aucun son, aucun chuchotement, aucune clameur ne venait rompre le lourd silence entourant notre Is. Il fallait trouver une solution. La situation était intenable et même inconfortable pour tous les autres dieux qui ne pouvaient tolérer ce manque de savoir vivre de leur coreligionnaire mais dont ils se sentaient aussi un peu responsables occupés, eux, qu'ils étaient. Jupiter Sérapis se remit à l'ouvrage, cette fois-ci aidé d'Amon et de sa mère Mout. L'Orient et l'Occident étant pris, il fallait inventer d'autres directions. On inventa les points cardinaux et l'on donna le Nord à Is qui illico entra dans ses fonctions sur son nouveau domaine.
Et c'est alors qu' Au nord Is causa ! pour remercier ses confrères, leur marquer son respect à leur endroit et faire valoir ses prérogatives auprès du genre humain.
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Polernaz: Tragicomédien - Langue Française : La Saga du H aspiré - Abracadabrantesque - Mots rares ou oubliés : Textes de A à K - Locutions latines
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