Version N°1
A l'hôtel du Chat Borgne le patron était peu fréquentable;
pire qu'à l'auberge Rouge de triste mémoire, les clients "s'évaporaient"
!
Sa réserve regorgeait de pots de toutes tailles que les rats
visitaient sans vergogne. Malin, notre gargotier, qui
ne perdait aucune occasion de se faire du blé, attrapait
les suridés et les entassait dans ses grandes jarres
sur lesquelles était écrit "Rats" en vue de
quelques utilisations frauduleuses telles que pâtés
et autre ragoûts... rien ne le rebutait pour améliorer
l'ordinaire.
Un jour, un client malchanceux du nom de Albéric Rigodon, seul dans ce bouge, coupe-gorge
en puissance... passa a la casserole et se retrouva,
coupé en morceaux, en compagnie des rats dans un grand
pot en prévision d'une prochaine préparation culinaire.
Mais ce soir-là notre aubergiste n'eut pas sa chance habituelle, des gardes
du roi entrèrent qui recherchaient un certain... Albéric;
ils tombèrent
nez à nez avec notre assassin les mains et le tablier
encore rouge du sang de sa victime.
Les gardes subodorèrent rapidement le drame et forçant le passage
se retrouvèrent illico dans la réserve où l'aubergiste,
confondu, n'eut d'autre alternative que de confirmer,
tout en faisant l'étonné :
"Hôte
en pot : rats ! Oh, mort?! Est-ce... Albéric?"
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Version N°2
Le sultan Boabdil, prince des Maures, avait des rouflaquettes
à faire pâlir de jalousie Soliman le Magnifique.
De plus, lorsque le soleil couchant éclairait son abondante
et diaphane chevelure - qui d'ailleurs inspira Charles
Baudelaire pour son poème intitulé "La
chevelure" - comme une forte impression
d'aura semblait émaner de son personnage.
Ce fut l'auréole qui fit déborder le vase. Les très catholiques
Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille ne pouvaient
accepter un tel affront : l'auréole était l'apanage
de Notre Sainte Mère l'Église, ce ne pouvait être une
prérogative des infidèles musulmans.
Et c'est au cri de :
Aux
tempes aura, aux Maures est-ce.. permis?
NON !
qu'ils reprirent la ville de Grenade le 2 janvier 1492.
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