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Locutions latines

                                                   Toto coelo, tota terra.               De tout l'espace du ciel à la terre.

 

Nous allons vous conter ici l'histoire restée secrète de deux (il en eut tant et tant) enfants du dieu des dieux Zeus.

Paradoxalement la chronique occulte l'existence de ces deux rejetons et aucun des grands spécialistes de l'antiquité grecque et de sa mythologie n'en font allusion. Et pourtant...

Grande furent les conséquences de leur naissance. Leur incidence sur le désordre et les rivalités entre tous les dieux atteignirent un paroxysme inégalé qui peut-être explique ce fait qu'on les ait oubliés et volontairement passés sous silence : les dieux acceptent difficilement que l'on doute de leur grande modération et de leur maîtrise des évènements.

 

Zeus se souvenant du plaisir que lui procura, malgré elle, la belle Callisto voulu récidiver. Un soir qu'elle se reposait, seule, après une longue course pour échapper aux foudres d'Artémis jalouse de sa beauté à laquelle le maître des dieux ne semblait pas pouvoir résister, celui-ci la surpris à nouveau... de cette seconde union naquit Totocallis - communément appelé Toto - qui était donc le frère adultérin d'Arcas née de la même mère, ce qui était courant chez les dieux à cette époque, et du même père, ce qui apparaissait plus surprenant.

Peu de temps après ce nouvel exploit amoureux, Zeus l'insatiable rencontra Métis qui lui avait donné Athéna pour fille dans les conditions rocambolesques que l'on connaît. Encore tout émoustillé par sa rencontre précédente, sur le champ, oubliant le risque inhérent et lié à la progéniture de la fille d'Océan et de Téthys : en jeu sa place au sommet de l'Olympe ! il posséda Métis (qui, elle, ne demandait que cela); neuf mois plus tard elle enfanta d'une fille que son géniteur nomma Totamétis en souvenir de sa mère - Tota pour ses proches.

 C'est ainsi que Zeus, le même jour il faut le préciser, déclara ses nouvelles paternités auprès de l'assemblée olympienne. Mais Toto et Tota, qui n'étaient pas du tout prévus au programme divin, étaient loin de faire l'unanimité c'est le moins que l'on puisse dire. D'autant, et la précision est d' importance, que dès leur naissance l'héritage des nouveaux venus doit être défini et entériné à la majorité des deux tiers plus une voix par l'assemblée réunie en session extraordinaire.

 

Tous contre leur chef ou presque. Dionysos comprenait des écarts que lui-même se permettait, sans doute sous l'emprise de l'alcool diront certains esprits mal intentionnés vu que la pratique était courante et généralisée. Mais Aphrodite, Artémis, Perséphone et surtout Athéna qui n'avait aucune envie d'entendre parler d'une sœur avec laquelle elle eut dû partager, se liguèrent pour essayer de faire céder l'omnipotent devenu selon elle complètement irresponsable et en même temps responsable d'une telle situation. Celles-ci en appelèrent au bon sens des autres dieux et allèrent, on le dit, jusqu'à minauder et faire des jeux de jambes suggestifs pour mettre dans leur camp Apollon, Arès, Poséidon, Hermès et autre Héphaïstos. Pour Dionysos ce ne fut pas un problème un Melchior de Dom Pérignon suffit à aplanir ses réticences.

Malgré tout si une large majorité se profilait pour une opposition commune et vindicative au projet abhorré, une mésentente générale émergeait encore plus furtivement parmi les contestataires. L'affaire en l'occurrence mettait en lumière un état de fait quelque peu négligé : qu'en était-il des faveurs et des biens effectivement attribués aux uns et aux autres ? Dans l'euphorie permanente et quotidienne de la gens céleste cette question apparaissait comme la cadette de leurs préoccupations. Mais brusquement, suite à une décision d'actualité se faisait jour les incohérences du système, le flou des archives et il faut le dire l'absence de contrats.

Un accord tacite attribuait sans doute les mines à Hadès, les vignes à Dionysos, les mers et les océans à Poséidon. Mais Perséphone déesse des Enfers se mit à contester les droits donnés sans concertation à Hadès; Héphaïstos prétendait que tout cela lui appartenait de droit. Déméter en tant que responsable et propriétaire de tout ce qui est cultivé déniait à Dionysos le moindre apanage sur les vignes. Apollon, un peu égaré dans ce débat, pour ne pas être en reste, expliqua  que sans la lumière dont il était l'instigateur et le réalisateur la vie n'existerait plus dans les océans partie intégrante de son domaine... qu'il contestait donc à Poséidon ! On en vint aux mains, aux armes et aux vindictes. Du coup Arès le tout puissant belliqueux se sentant à son affaire, sous couvert de régir et de régler les hostilités, lui seul étant capable de gagner la guerre, se nomma commandant suprême au milieu de la cacophonie et du désordre que les déesses maintenant dans leur plus simple appareil ne parvenaient même plus à contenir.

 

Cohue, tohu-bohu, bousculades gagnaient les sommets de l'Olympe, le sang allait couler, peut-être des têtes tomber !

 

Et soudain le ciel s'embrasa, un épouvantable, faramineux vrombissement ininterrompu s'amplifiant de seconde en seconde submergea, phagocyta tous ces bruits incongrus de disputes, de bagarres, de fers que l'on croise, d'invectives indignes de l'aréopage en question. Des éclairs en tous sens devant lesquels les orgues de Staline auraient fait pâle figure fusèrent de tous bords aveuglant les belligérants.

 

Un silence de plomb succéda à ce capharnaüm astral, le voile noir et pesant qui emprisonnait la scène se déchira et ZEUS apparut dans toute sa splendeur et sa fureur bardé de son foudre et de son sceptre.

Devant de tels caprices, à voir une telle anarchie de la part de ses coréligionnaires, ne supportant pas cette cacophonie et ces débordements, sa décision était prise et ne souffrait aucune contestation. Son choix était fait. D'une voix empruntée à Stentor et qu'Echo répéta mille fois du zénith au septentrion il tonna :

                                   "Toto, c'est l'eau

                       Tota, terre a."

                                                     Et se drapant dans sa toge céleste, il disparu.

 

 

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