Il
faut bien trouver une explication ?
C'était
hier, après quelques achats de saison chez mon fournisseur privilégié – que je
ne citerai pas pour des raisons aussi fallacieuses qu'obscures – je soulageai
mon chariot d'un sac de terreau (destiné à mes terres du bas) pour le
transférer sans autre forme de procès dans le coffre de ma voiture. J'allai ensuite
enchaîner, en bon citoyen, le chariot
dans sa suite de forçats des hypermarchés, puis retrouvai mon véhicule pour
rentrer tranquillement à mon domicile.
J'ouvre donc la porte d'icelui, et Ô surprise me retrouvai sur mon siège dans
une situation inhabituelle qui dans un premier mouvement me sembla tout à fait ubuesque
pour ne pas dire dantesque. Tout d'abord je restai perplexe, puis l'inquiétude
m'envahi qui bientôt se transforma en
colère : plus de volant, de tableau de bord, de levier de changement de vitesse
ni de pédales ! Quel aigrefin sans foi ni loi avait pu ainsi en un tournemain (avec
tournevis?) lors d'emplettes on ne peut
plus sereines et rapides me subtiliser
GPS, rétroviseur frontal et autres éléments indispensables au démarrage et à la
conduite dans le confort exigé du
retraité paisible et discret ayant accompli quarante années de cotisations
diverses dans un esprit solidaire et républicain ?
Mille pensées
contraires à mes principes de paroissien sans histoire toujours attentif à ne
pas froisser autrui et à éviter toute situation apte à générer chicanes et
conflits m'assaillirent subitement. Me vinrent à l'esprit toute une série de
comploteurs spécialistes dans ce type d'agissement : bandits de grands chemins,
individus interlopes en collusion avec la camorra napolitaine, corse commun, Al
Qaeda au Maghreb Islamique, roumains en déroute dérouté dans mon village
gaulois, mafia russe, ferrailleur en mal
de matière première, un des frères Dalton – ou tous les quatre – sorti de la
Vallée de la Mort, un transfuge de la bande à Bonnot, un exfiltré des réseaux
belges avec en arrière-plan Dodo la Saumure, un infiltré des dockers
marseillais voulant à bon compte utiliser ses heures de récupération par des
méthodes inavouables pour arrondir un salaire déjà disproportionné aux heures d'activités officielles calées entre deux siestes, que
sais-je ? Il y avait un responsable et il fallait lui donner un nom, alerter les
autorités policières et judiciaires, lancer un avis de recherche sur Interpol…
Un autre
détail encore plus surprenant frappa mon imagination et ma vue réunies; tous
ces éléments, parties intégrantes d'un
poste de conduite automobile normal et habituel, avaient beau s'être envolés –
ce qui forcément se traduit par un vide sidéral et abyssal à la fois palpable et
manifeste – je me trouvai en même temps devant un mur visuel présentant un
manque total de perspective inhérente à toute situation logique d'un conducteur
prêt à affronter la longue théorie des voies carrossables nationales,
départementales ou vicinales ponctuées de panneaux routiers de commandements et
d'interdictions diverses… Non, rien de tout cela : pourquoi n'avais-je plus de
pare-brise devant moi? Ce même individu
indélicat était allé jusqu'à installer, par soucis certainement provocateur et
une démarche intellectuelle on ne peut plus vicieuse, un appui-tête disposé de
telle sorte qu'assis sur mon siège il empêchait toute possibilité de voir et d'apprécier
l'étendue habituelle des signaux indispensables à une conduite sûre et
responsable ! Même les rétroviseurs extérieurs avaient disparus !!!
J'en étais
là de mes réflexions mortifères et assassines, quand, voulant dans un mouvement
de rage et précipité pousser la portière, je m'aperçus que si celle-ci était
toujours ouverte, et… et… ce n'était pas la portière correspondant à la
situation géographique logique d'un conducteur sortant de son véhicule : en
fait au lieu de monter à la place normale de tout individu sain d'esprit et
physiquement apte à ce genre de responsabilité voulant faire son Fangio ou
Schumacher , j'avais tout simplement omis le pas et demi nécessaire pour
m'installer à la place avant droite, c'est-à-dire celle du conducteur, et
m'étais engouffré distraitement mais
avec assurance sur le
siège arrière !
Coup de
chaud.
Après un
coup d'œil circulaire pour vérifier qu'aucun observateur nappé de mauvaises
intentions à mon endroit ne comprit une erreur qu'il eut de facto attribué à un schizophrène échappé de quelque asile et
prêt à alerter les services sanitaires, le SAMU ou les pompiers leur suggérant
de prévoir la camisole de force pour neutraliser un dangereux psychopathe en
liberté, je montai subrepticement à la place adéquate et sans demander mon
reste m'éloignai en sifflant et sans regarder ailleurs que dans les
rétroviseurs – retrouvés – des lieux du crime.
Coup de
chaud, vous dis-je ! Pour ma défense il faut savoir que la météo et son niveau
calorifique sous-évalué depuis de nombreuses lunes – ce qui m'inspira des mots
et des maux en adéquation avec cette situation persistante et glacée - afficha subitement une remontée
vertigineuse du thermomètre passant des douze degré polaire australe aux
dix-huit degrés tropicaux pour ne pas dire équatoriaux.
Ceci explique cela, ma tête d'œuf à
la noix sans couvre-chef
n'avait pas supporté cette brusque envolée apocalyptique de l'échelle de
Celsius.
Pol...air
nase (et cette fois-ci pour de vrai ! )
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