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Avant d'aller...   

                       

Jeudi 26 avril 2007 15:27

 

Avant d'aller encore sous la conduite du chef répéter la générale (en cheftaine) de notre prochain concert, je sens qu'une nouvelle escapade vers les eaux chaudes, où je ne mets que les pieds ( je tiens à la vie), qui jouxtent le triangle des Bermudes  où va se perdre mon imagination, ne peut être que bénéfique à mon nez...go !

Un bain de pieds debout, sans boue, vaut mieux qu'un bain de bouche qui souvent ne débouche sur rien de transcendant si ce n'est que de mauvaises dents peuvent en être la raison ; sachant qu'il vaut mieux déboucher une bonne bouteille (de rhum en l'occurrence étant dans la canne) que de déboucher un évier, là mon nez me ferait ergoter.

Mais revenons à nos pélicans et reprenons notre compte-rendu laissé en plant de  canne à sucre.

 Compte-rendu (suite):

 

  • Ce matin, huit heures petit déjeuner compris, plein de courage, sans trop de charge, je dirais même le minimum vu la température qui se maintient au-dessus des 25 au moment du départ, je me lance pour une marche en solo. Un peu d'exercice m'a conseillé mon ange gardien adjudant, c'est-à-dire moi-même, pour échauffer les articulations et maintenir à son bas niveau une surcharge que des esprits mal intentionnés qualifieraient  de pondérale et qui est en fait plus que pondérée.

Chemin montant, la piste est rude, j'observe avec intérêt, c'est le côté héréditaire de la famille, la faune et la flore locale et grappille toutes les graines à portée de la main. Comme noté précédemment, à distances régulières, des ruminants faméliques (il paraît que c'est la race)  au bout de leur corde regardent d'un air globuleux cet individu déjà suant et soufflant qui perturbe leur solitude. Un taureau plus trapu, aux cornes en arc de cercle prenant la posture hiératique d'une cariatide et se prenant sans doute pour le cerf que croisa saint Hubert (patron des Grandes Chasses...) mais sans la croix lumineuse qui lui eût donné toute sa dignité, me jette un regard à crucifier sans autre forme de procès le pécheur... que je suis sans aucun doute. Un ange passe... et le piéton aussi. Il n'y eut pas de dialogue cette fois-ci. Deux cordes plus haut l'un de ses cousins beuglait à tout rompre; comme quoi, les taureaux se suivent mais ne se ressemblent pas !

Au deuxième détour, après plusieurs pauses se récupération, le train ne pouvant être ni celui d'un sénateur, ni d'un quelconque omnibus d'une compagnie célèbre qua Landre et Shimel connaissent bien, une rencontre inopinée : celle d'une machine à laver ayant rendu l'âme !! Mais que peut-il se passer dans la tête d'une machine à laver guadeloupéenne? La trouver au bord de la route, passe encore, mais épuisée par l'effort infernal qui l'amenât à cet endroit c'est à n'y rien comprendre. Et pourtant, la suite démontrera la vacuité d'une telle réflexion. Deux cents mètres plus haut c'est une autre machine à laver sans tambour (ni trompette) qui m'observe entre deux roches magmatiques tombées là comme de nombreuses autres lors d'une colère de la Soufrière. Deux appareils ménagers sur deux cent mètres cela semble étonnant, mais quand cinquante mètres plus loin un réfrigérateur portes ouverts vous jette un froid, puis à quelques encablures un autre frigo et son frère modèle meuble, cul par dessus tête, vous tournent le dos comme pour vous ignorer, vous en déduisez qu'il n'y a rien d'anormal et qu'au pays des flamboyants , des anthuriums et des bougainvilliers les appareils électroménagers grands formats fleurissent eux aussi tout au long des pistes quand ce ne sont pas carrément des baignoires ou des cabines de douche.

Une douche, indispensable à la fin de cet effort, Pol transpire à grosses gouttes et sa casquette qui a pris cinq cents grammes ne suffit plus à contenir le trop plein qui perle de son front (pas de mer) et ruisselant (à grandes eaux salées comme la mer). Et pourtant la marche n'est pas terminée; une demi-heure c'est trop peu. Une halte tous les trente ou quarante mètres autant pour "récupérer", il faut doser son effort, que pour observer et écouter. Ici un immense philodendron dont les racines aériennes de plusieurs mètres de long redescendent jusqu'à terre et je m'imagine en Tarzan (vous voyez également le tableau) voguant d'arbre en arbre, leste et léger comme un singe hurleur. "Ka-ka-ka-ka-ka...": sans doute, après recherches, un coulicou à bec jaune  invisible qui appelle sa copine, et de temps en temps les "tac-tac-tac..." rapide et caractéristique de quelque pic régional, rompent à intervalles réguliers le silence et la solitude du lieu. Encore trois cents mètres et après deux bovins, deux moitiés de machines à laver et une porte de "frigo", au détour d'une courbe apparaît, vue imprenable, le bleu cobalt du ciel qui se fond dans le bleu marine aux accents turquoise d'une mer caraïbes aux accents cwéoles. Arrêt - Observation - Admiration - Réflexion... mais pas trop, la piste me fait signe que d'autres découvertes m'attendent plus haut. C'est reparti et je laisse sur ma droite une dernière demeure dont l'aspect raconte un passé colonial révolu.

Après quelques graines à nouveau empochées pour une mise en culture métropolitaine ultérieure sans doute aléatoire (donc à deux pas de Nantes comme le précise cette incertitude) et très certainement hasardeuse quant à ses espérances de succès, je découvre, Ô Magie ! au travers du fossé droit qui borde notre vicinale, deux touffes de balisiers aux fleurs rouges pour l'une, jaune pour l'autre. Ma marche au but médical et sportif avérés se trouve agrémentée d'une multitude de découvertes agréables ou inattendues... merci Piaf, Je ne regrette rien...

Le bout de la piste se perd au milieu d'une forêt toujours plus dense après trois ou quatre (je n'ai pas compté mes pas) kilomètres à quinze pour cent, moins que le camembert je l'accorde, mais bien au-delà, ou pour le moins identique, du taux d'intérêt préconisé par certains organismes financiers.

Mais il faut penser au retour, mes trois compagnons vont s'impatienter de ne pas voir revenir leur chauffeur (casquette incluse); l'heure avance, le soleil monte... je me réserve les balisiers pour une autre fois. Descente plus rapide mais  toute en retenue malgré tout, les tibias s'insurgent quelque peu, une buttée et la chute n'est pas loin... j'imagine une arrivée en roulé-boulé sur un tapis de neige grossissant à un  train d'enfer et l'énorme roue avec au milieu votre Pol bras et jambes écartés se fracassant  contre... un palmier. Retour à la réalité, nous somme en Guadeloupe, il fait trente degrés centigrades, alors la neige...! Plutôt un gros glaçon dans le prochain planteur. A mi-chemin j'agrippe la liane du philodendron pour une aide au freinage, la racine ne tient pas le choc et ses dix mètres s'étalent au bord de la piste tout en stoppant quand même l'élan du premier et à la fois dernier de cordée que je suis. Les quadrupèdes encordés fixent avec curiosité et leur regard bovin (un comble au pays du rhum) cet inhabituel piéton qui semble pressé (un comble sous ces latitudes la nonchalance est une religion), l'électroménager reste de fer.

Neuf heures trente, bientôt dix heures, Landre, Shimel et Lajo commençaient à s'inquiéter (ou s'impatienter ?), n'étaient pas loin de lancer un avis de recherche, soulagés de retrouver leur chauffeur certes un peu fatigué mais encore valide.

Une rasade... d'eau pétillante, une douche. Prêt : scout toujours !

Et bientôt l'heure de l'apéro... gingle !

 

Pol Badant Poële

 


 
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