...ou
la récidive de Perrette
Espérance : en l'occurrence, propension d'un individu à
considérer comme acquis et certains les
résultats d'une entreprise maraîchère pourtant soumise à d'hypothétiques et
souvent néfastes variations climatiques.
Observez et comptez ces piquets que voilà… QUARANTE-CINQ.
Ils sont 45.
A chacun d'eux sera bientôt associé un plant de Marmande, de
Mont Favet ou autre Golden Boy.
Rapidement ces plants sous l'effet de circonstances
atmosphériques très favorables prendront de l'ampleur et grandiront jusqu'à
dépasser la hauteur de leur support.
Très vite des inflorescences de couleur jaune éclaireront de
mille feux les pieds charnus et les feuilles vigoureuses à l'expansion
maîtrisée par des mains attentives et expertes.
Fleurs qui tout à fait
naturellement se transformeront en gracieux petits fruits verts.
Le soleil aidant et une hygrométrie d'orfèvre apporteront les
nutriments nécessaires qui feront gonfler ces jeunes fruits et les porteront à
maturité dans une explosion de couleurs et de tailles.
Noir de Crimée, Rose de Berne, vert, jaune, rouge
Enormes Cœur de Bœuf, Supersteack
Marmande ronde de taille intermédiaire, poire jaune, olivette
pointue
Grappes et grenailles apéritives.
2013 année de tous les succès et de tous les records… en
matière de tomates.
Disons le tout net une production exceptionnelle se profile à
l'horizon !
Les branches soutenues par de solides liens judicieusement
ajustés croulent sous le poids et le nombre; impossible de compter à l'unité
une aussi importante récolte, il nous faut raisonner en kilos. Une moyenne de 5
à 10 (kilos donc) par pied et nous allons sur une estimation basse de 350
kilos, mais une projection plus réaliste et conforme à une vue d'ensemble de
notre carré nous permet sans trop d'erreur d'y soupeser la demi-tonne, voire
la tonne et demi.
Question logique et non subsidiaire, comment écouler ce stock
?
Qu'à cela ne tienne, je m'institue négociant en tomates.
Mais restons dans les règles économiques et républicaines,
suite à une rapide démarche administrative j'obtiens mon numéro de Siret.
Je monte une échoppe dans mon quartier, tenue par mon épouse,
pour écouler une partie de la production.
Cela ne suffit pas, les fruits récoltés à la rosée du matin
pour garantir la fraicheur (et l'embauche de deux compagnons pour hâter le
conditionnement) je parcours tous les marchés de la région dès l'aurore.
"ELLES SONT BELLES MES TOMATES – ACHETEZ MES
TOMATES"
Vendus à des chalands ne rechignant pas devant un prix à la
hauteur de la qualité du produit, on peut dire que la saison fut héroïque et la
caisse en supporte encore les conséquences alourdie par le poids de la monnaie
et le portefeuille déformé par l'épaisseur des liasses de billets.
Tous frais payés (salaires, taxes, transport…) il me reste
assez de royalties pour acheter un motoculteur en plus de la serre chauffée
déjà commandée pour la prochaine "campagne" !
On m'appelle Crésus
Anciennement… Pol
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