Marie
Faraya
(par Reyfoun) - Liban
- Le 19 août 1961
Chère
amie,
Comme
passent les années! La cigale grésille à nouveau
dans les pins de la montagne, et le paysan
libanais lance au vent de la mi-août, la balle
de son blé broyé sous les sabots de son âne et de
son boeuf.
Chez
nous, c'est le bourdon des machines à battre qui
remplit le silence de nos campagnes, comme de lointains
murmures d'abeilles.
Et
puis, un beau soir, pas comme les autres - car il
fleure bon les dahlias, les capucines et les premières
bruyères - on se retrouve, un gros bouquet sur les
bras, au seuil de nos Maries, avec quelque chose
de la timidité de l'ange avant l'Ave de l'Annonciation.
-
Salut à vous, Marie, pleine de grâces.
-
Bonne Fête à vous, nos gracieuses Maries!
Le
Seigneur doit toujours vous regarder avec une certaine
prédilection, et nous pouvons, grâce à ce nom béni,
vous appeler bienheureuses.
Heureuse
soyez-vous donc, Marie, en cette aube du 15 août,
et bienheureuse dans l'aube éternelle.
La
cigale grésille encore dans les pins et, ce soir,
le grain de la moisson croulera son or dans le van
du montagnard libanais,, tandis que là-bas les bourdons
murmureront sur les bruyères d'Arvor. Comme passent
les années!...
Néanmoins,
que ces modestes fleurs, avec les dahlias et les
capucines d'Annick, de Michèle, d'Yves, de Robert,
d'André, de Philippe, et de bien d'autres, parfument
votre seuil rustique, la veille de la mi-août, ne
serait-ce qu'un soir, un soir pas tout à fait comme
les autres.
Tristan
Dumanoir (Yves Cariou)
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