Qui est-ce ?

                         MELPOMENE

THALIE

 

…un soir, déjà couché, je n'arrivais pas à dormir parce que des vers me venaient. Alors je me suis levé pour leur donner une forme.

Je pensais à une folie passagère, une fièvre imaginaire, un delirium. Thème éminemment romantique que je m’emploie à contrarier par des adjectifs géométriques, mathématiques, scientifiques dans leur précision. Un pied de nez clairvoyant et désenchanté au romantisme et à ses façons précieuses (le cygne, l'onde, le vaisseau, autrefois...). Je revoyais la couverture du Horla de Maupassant (dont j'ai tout oublié, y compris si je l'ai vraiment lu) dans Le Livre de Poche, sur laquelle on voit un homme assis sur son lit, en sueur, les yeux exorbités par une frayeur dont on ne sait si elle est provoquée par le cauchemar dont un réveil en sursaut vient de le tirer, ou par la vision, a son réveil, de l'horreur qu'il croyait appartenir à son rêve et qui, à présent, lui ferait face.

Et puis je pensais à du Rimbaud, de façon vague, sans mots, sans vers...

La forme m'intéresse par dessus tout, et je suis, je dois le dire, assez fier de mes enjambements. Une phrase de 9 vers : j'aime assez ce mélange avec une quasi-prose, encore pour contrarier l'alexandrin, son emphase, son insolent carcan de règles, son orgueil de petit garçon têtu et de vieillard obtus.

Quant au titre, c'est un jeu de mots calambourdesquement irrévérencieux et laid.

Delenda Carthago !

Hissez le drapeau noir !

Sus !

Boute

 R.V.                                                  vendredi 9 février 2007 19:24         meta-mort

P.S. Je n'avais pas "entendu" le hiatus "l'eau autrefois", mais j'ai gardé le mot "onde" pour l'utiliser 2 vers plus loin, et je n'arrivais pas à m'ôter l'idée qu'un caillou ne peut-être jeté que dans l'eau (comme un pavé ne peut l'être que dans la mare). C'est plutôt l'adverbe "autrefois" que je cherche à remplacer. Mais je veux un contraste de temps, une idée de succession entre l'avant et l'après caillou.

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